Cœur de Pierre
Étendu sur la table
d'autopsie à la Morge, tout son être sans vie repose plus beau et plus parfait
que jamais.
Il s'est écroulé d'un
coup pendant son entraînement journalier de squash, son dernier souffle
évaporé dans le bruit de la balle frappant le mur, il avait quitté la vie comme
il l'avait vécue, à une vitesse interdite.
Sa famille avait
demandé l'autopsie pour connaître la raison du décès. Sa femme voulait
assister à l'opération. La vie avec lui pendant 13 ans l'avait endurcie; elle
voulait savoir le secret de ce beau corps au cœur de pierre; elle voulait voir
l'intérieur de ce corps qu'elle avait tant caressé, aimé, où elle s'était
enivrée de son odeur. Elle voulait savoir ce que cachait cette carapace
parfaite. Elle voulait connaître le secret du contraste de la perfection du
corps avec l'imperfection de l'âme.
On attendait le chef.
Le fameux médecin légiste qui devait superviser l'autopsie, la salle froide,
stérile, toute en chrome, sans aucune odeur détectable était fortement
illuminée, aucun luxe, des outils chirurgicaux étincelants de propreté étaient
posés sur une table près de la tête à la belle chevelure claire. Sa
chevelure, sa parure gardait encore tout son éclat.
On avait précisé que l'autopsie commencerait
par le thorax, si la raison de la mort était là, on s'arrêterait, sinon
la prochaine étape serait le cerveau. Son brillant cerveau de mathématicien,
d'ordre, son cerveau aux multiples chambres, son cerveau qui cachait le
savoir de la réussite et du succès en un minimum de temps et d'effort. Elle
espérait qu'il resterait intact pour son dernier voyage...
L'autopsie commença,
le chef, un bistouri dans sa main, débuta l'incision, les larmes inondaient son
visage, elle détourna la tête, elle attendait de voir le cœur.
Des bruits, une odeur
étrange, des murmures, des ordres, encore des bruits, elle tourne la tête.
Le cœur repose sur un
plateau, il est couleur cendre, comme s' il était passé par le feu, le chef
conclut que cet organe n'a pas l'air humain, pourtant il a causé la mort.
Elle se dirige vers la
sortie
L'Enfant bouge en
elle.
Une ombre transparente se glisse par une nuit sombre, s'empare du bocal rempli de formol où le cœur de
pierre repose.…
Une étoile lance son
code avec le premier souffle de l'enfant
1 commentaire:
Bonjour,Jale.
Poignant texte !
Merci pour le partage.
Amitié.
Tahar
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