Sur le brise-vagues tous les marcheurs le connaissent, chaque matin il arrive habillé d’un vieux jeans et d’un blouson aux couleurs délavées, un grand chapeau noir lui cache le visage, il prend place entre deux énormes rochers et lance deux lignes dans les eaux profondes de la mer.
Quelques instants plus tard, deux chats roux viennent s’assoir près de lui, eux aussi attendent. Personne ne l'a vu sortir de l’eau un poisson, il est toujours à sa place le matin, il fait partie du paysage. Que fait-il les jours où la mer se déchaine, où les vagues empêchent l’accès sur brise-vagues, les jours de fortes pluies, les jours froids où l’on renonce à la marche quotidienne et l’on reste sous la couette.
On le connait sans le connaitre, avec le temps on le regarde sans le voir, il fait partie des rochers, des vagues, des poissons qu’il n’attrape pas, des chats qui restent sur leur faim….
Nous marchons sur le brise-vague, nous marchons vite, certains courent, l’Ipod diffusant notre musique individuelle directement à notre cerveau.
A la suite d’’un accident de voiture j’ai dû être transportée à l’hôpital, rien de grave, des éraflures sur ma jambe gauche, quelques points de soudure et je rentre chez moi, en attendant le médecin, mon regard accroche dans un coin un grand chapeau noir posé sur un blouson aux couleurs délavées, est-ce possible ? Il rentre accompagné d’une nurse, m’examine, et avec des mains habiles et légères, me soigne, me donne rendez-vous dans dix jours pour un contrôle, me sourit et quitte la chambre.
Un mois plus tard je reprends ma marche matinale sur le brise-vagues, le pêcheur est là, le même blouson, un nouveau grand chapeau blanc couvre son visage, je crois discerner un léger sourire, mon cerveau est envahi par la musique de Vangelis……
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