12 novembre 2013


Attendre

Ce sentiment, cette impression d’être en état d’attente... il l’avait depuis sa naissance, il le portait dans ses gènes. Sa mère l’avait attendu longtemps et l’avait eu après cinq filles à l’âge de quarante ans. Elle lui avait transmis cette sensation d’être toujours dans un état d’attente.
Enfant il ne savait pas distinguer cette tristesse au fond de lui, très souvent il restait des heures devant une fenêtre à regarder la rue, il attendait ou assis sur un mur bas, les yeux parcourant les alentours, il attendait, il attendait le bus pour l’école, le train pour l’université, l’avion pour les voyages, il attendait. Il attendit sa future femme à la Mairie et ses enfants il les attendit tenant la main de sa femme.

Avec son attende il eut une vie normale et presque heureuse. L’attende faisait partie intégrale de sa personnalité, il ne savait pas comment vivre sans attendre, sans cette mélancolie.
A l’automne de sa vie, quand ses enfants étaient déjà loin et quand le silence s’était établi entre sa femme et lui, très souvent il aimait prendre sa voiture et se balader sans itinéraire précis. Souvent il échouait dans une rue inconnue, dans un café banal, s’asseyait et tout en sirotant son café, il attendait.

Par un jour d’hiver glacial et pluvieux, il roulait sur une route secondaire, il roulait lentement, la route était déserte, la brume cachait la fin de la route. Il roula vers cette brume. Arrêta le moteur et sortit de la voiture. Un léger voile gris-bleu l’enveloppa, un parfum de lavande accompagna cette brune, il marcha sans voir, une impression de flotter le submergea, et alors il vit la main qui se tendait vers lui, l’attente était terminée….


27 octobre 2013


Ma Muse se balade

Elle a pris sa liberté, ma muse, et s’est envolée vers d’autres raconteuses d’histoires, je sais qu’elle ne m’a pas quittée, elle a eu le besoin de vacances, de connaitre d’autres lieux et d’autre pc. Peut-être languit-elle les plumes, les stylos à encre, les crayons bille, ou même les pinceaux des raconteuses chinoises…..

J’ai voulu la faire revenir, dans mes moments de joie, quand j’ai senti des colères m’envahir, quand la fatigue m’a surprise, quand un document blanc de word  me regarde moqueusement.

 Elle me ressemble ma muse, elle fait à sa tête, elle a besoin de liberté et de changements.

Ma muse se balade, et moi qui voudrais raconter des histoires, moi qui ai tellement d’idées, me sens incapable de les ranger intelligemment pour mes lecteurs.

 Elles sont drôles les muses.

La muse d’un de mes amis peintres, lui a fait changer de direction, lui dont ses tableaux étaient une musique de couleurs pour l’âme, s’est mis à peindre des monstres venus d’autres mondes à vous donner des cauchemars, les galeries lui refusent de l’exposer tandis que les jeux vidéo lui payent une fortune pour ses monstres, allez comprendre les muses. La muse d’une chanteuse l'a faite transformer en cuisinière, maintenant elle sert des plats hindous dans son restaurant sur la plage.


Elle reviendra bientôt ma muse, je le sais, et je l’attends, elle reviendra avec le sourire aux lèvres,  les larmes aux yeux, sa main dirigeant ma main pour des prochains voyages…..

30 septembre 2013

Quanrante ans sans fièvre

Ayant eu une enfance chétive pendant la période d’après-guerre, mon corps a une certaine immunisions contre la fièvre.


Il y a quarante ans, je venais de déménager dans un appartement sordide, je me débattais pour survivre avec mes deux enfants dans ce nouveau pays, mon pays, mon home, dont tout m’était étranger. La langue, une langue morte qui revivait avec une grammaire terrible, des mentalités venues des quatre coins du monde, qui se heurtaient et se mariaient, un climat chaud et humide et moi 32 ans courageuse et la peur dans les tripes, deux jours après le déménagement j’attrape la fièvre, une grippe d’été, rien ne fonctionne encore dans cette demeure, pas de gaz pour chauffer du thé.

Ma mère, qui habite à deux pas, vient chaque matin m’apporter du café turc et me soigner, la peur de la fièvre, l’inquiétude de perde le nouveau travail, la peur du compte en banque à zéro et la fièvre qui ne baisse pas.

Quarante ans depuis.

Une vie. Quarante ans sans fièvre.

Des enfants qui grandissent, des logements que l’on change, des soucis, des joies, des amours et des soi-disant amours, on fait partie de son pays, des guerres et des semblants de paix, un mariage qui finira par un divorce, des petits enfants qui arrivent, quarante ans et la mort des parents.

Quarante ans sans fièvre.

Il y a quatre jours elle apparait après quarante ans, presque une vie, elle apparait la fièvre. Elle apparait, elle assomme, en plein déménagement en plein mouvement, en plein changement. Quarante ans après, elle veut que l’on se rappelle, d’une autre période, d’une autre angoisse, d’autres souffrances, d’autres joies.

Elle est partie enfin après quatre jours la fièvre, elle m’a quittée me laissant plus forte, plus lucide, plus déterminée. Elle est venue pour approuver le changement que je donne au cour de ma vie, elle est venue pour me nourrir d’optimisme, elle est venue effacer la peur….. elle est venue elle est partie….. la reverrais-je??????

2 septembre 2013



Le Départ

Dans cet aéroport interplanétaire bâti sur la plus haute montagne du pays, les immenses avions Discovery atterrissaient chaque minute et d’autres décollaient vers leur destination.

Depuis quelques siècles le Monde VI était devenu surpeuplé, certains peuples avaient construit des pays dans des planètes, dont les conditions atmosphériques s’adaptaient à leur organisme.

Le Monde VI, grâce à l’émigration, se renouvelait, les forêts grandissaient, les mers, les lacs, les rivières se purifiaient, certaines espèces de fleurs et d’arbres, depuis longtemps disparues, émergeaient de la terre, les graines avaient survécus pendant des siècles et maintenant une nouvelle vie commençait. Insectes et oiseaux revenaient sur ce Monde VI qui renaissait.

Lui, regardait le trafic aérien et se préparait moralement au départ. Il savait qu’il ne reviendrait pas. Il abandonnait ce qui avait était son monde, sa vie depuis cinquante ans. Le départ était sa seule façon de survivre, de recommencer, d’espérer. Il avait choisi un pays dans la plus lointaine planète, où tout lui était inconnu. Il devrait apprendre la langue, les coutumes, et surtout ce qu’il aimait le plus, la musique de ce nouveau monde. Il savait qu’il pourrait le faire, que l’effort intellectuel lui adoucirait sa peine, et que peut-être un jour l’oublie viendrait.

Un signal vert sur sa montre pc à son poignet gauche, un rayon sous ses pieds, la route vers le Discovery, il glisse, à chaque instant, il se rapproche de son avenir et s’éloigne de son passé. Le rayon l’emporte vers l’embarquement, le détecteur reconnait le signal, le rayon s’arrête devant sa chaise-lit.

Entouré de quatre gardiens, les mains et les pieds menottés, il se dirige vers sa fin. Le rêve de sa dernière nuit le fait sourire, il aurait voulu être un sorcier, un mage pour changer ce vieux monde ……

 Le liquide vert coule dans ses veines, le Discouvery l’emporte……



19 août 2013




Post-Mortem d’une Brosse à Dents


H… m’a achetée avec mes sœurs, nous sommes une douzaine de couleurs différentes; Moi je suis l’avant dernière, je suis de couleur bleue avec des rayures blanches, nous ne sommes pas communes, nous faisons partie d’une griffe pour l’hygiène de la bouche.

H… est bel homme, très haut, très brun, athlétique et élégant, il voyage beaucoup, sa femme et ses enfants habitent une belle villa dans la banlieue, où il vient se détendre entre deux voyages.

Mes sœurs ainées ont été abandonnées dans divers pays, divers appartements chez différentes amies d’une nuit, elles ont été délaissées avec promesse de revenir, et laissant une haleine fraiche avec le dernier baiser…

H… est très méticuleux, le matin, il aime sa brosse à dent, c’est pour cela qu’il nous achète par douzaine…

Je suis l’avant dernière, je repose avec ma cadette entre ses caleçons et ses chemises, tous griffés….

Prague est une belle ville, les filles ont de longues jambes….

Son avion décolle sans moi, à l’aéroport, il en achètera une douzaine, ma cadette aura de la compagnie….. Et moi…… Pifffff…… elle me jette dans la boite à ordures, je me cogne contre la bouteille de vin. Aie!!!!!!


18 août 2013



Chronologie Mère & Fille

 Un matin de printemps la mère prend sa fille pour la première fois dans ses bras, la grande -mère regarde.

Elle voit la même scène trente ans auparavant, elle, tenant sa fille et sa mère regardant. Une image qui se perd et se projette dans  l'infini des temps et n'en finira jamais. Un unique moment  partagé,  trois générations de femmes, un millésime que seules les femmes peuvent  effleurer, une sensation qui appartient seulement aux femmes, deux femmes qui ont donné la vie et une troisième qui la donnera.

Des milliers de livres, de phrases, de mots ont été écrits sur cette relation de mère et fille. L’amour et la haine, le dévouement et l’abondon, le sacrifice et l’égoïsme, des générations de mères et filles ont traversé ces chemins et cela continuera tant que l’humanité existera. Ce lien existe même après la mort de l'une d’elle.


Quand par un matin de printemps, la mère et la fille regarde pour la première fois le nouveau-né, tout au fond de leur cœur elles savent  que la rivalité n’est pas loin…….

9 août 2013

Connections

Assis devant son bureau en face de la fenêtre, il écrivait les dernières phrases de son roman. Bientôt le mot FIN apparaîtrait sur l’écran de son pc portable. Dehors la neige tombait en bourrasque, le ciel était presque noir à cette heure du matin, Climat nordique, il n'y pouvait rien! La Norvège était son pays, ses romans étaient écrits dans la langue de son pays, avant le mot FIN, il ferma les yeux et rêva d’un rayon de soleil…..

Les jambes tremblantes, elle quittait la clinique où elle avait abandonné les restes d’une nuit folle de désirs avec un inconnu. Une chaleur étouffante l’entoura elle ferma les yeux et rêva d’un San Francisco couvert de neige…..

Assise dans une tente en Mongolie l’enfant jouait avec sa poupée en chiffon, elle chantonnait une chanson à la mélodie simple et où les mots n’avaient aucun sens, elle improvisait, son visage tout petit et doux était illuminé par la lumière qui se propageait du haut de la tente.

À Sydney dans sa chambre d’enfant aux tons doux, elle habillait sa Barbie en robe de mariée, sa mère lui préparait le déjeuner dans sa cuisine super moderne. Les rideaux voilaient le soleil d’été.

Il signait la traduction de son live à New York, elle attendait son tour, il prit le livre de sa main, il vit le rayon de soleil, elle reprit son livre, la dédicace était écrite à côté du mot FIN, elle vit la neige, les mains se frôlaient….

Son ruck sac sur le dos, elle atteignit le village, l’autre était près du puits, un seau à la main, le contact des yeux ronds avec des yeux bridés, une amitié se forme…..

Une propriété en Arizona, elle et lui, un enfant adopté en Mongolie gazouillent dans le berceau, il écrit un nouveau roman, elle regarde silencieusement l’enfant, dehors le chat ronronne au soleil

New Zélande, Une maison en bois près de la rivière, deux enfants jouent dans l’herbe, cheveux noirs, yeux bridés bleus pour l’une, l’autre blond aux yeux noirs, leurs mères étendent la lessive au soleil.


La terre tourne, le soleil brille ou disparaît pour une période, puis il revient, le changement fait part de tout, les peuples se croisent, se mélangent, se dispersent, et se rejoignent, les races changent, les couleurs s’adoucissent, les milléniums sont sans importance, ce ne sont que des chiffres…le soleil et là et la terre tourne….. 


la Déchirure Francais-Anglais-Hebrew

  Déchirure Son amie fêtait son anniversaire. Elles avaient décidé de dîner ensemble dans un nouveau restaurant japonais, inauguré près du ...