25 mars 2012

Épices


Épices


              





On pouvait décrire Sarah comme une femme d’acier, elle avait presque cinquante ans, aujourd’hui ou le cliché ‘’vieille fille’’ est remplacé par ‘’une femme de carrière’’ Sarah était les deux, acariâtre et efficace.

Elle dirigeait la grande succursale d’une Banque International au centre de la ville. Famille et collègues, tous la redoutaient et l’admiraient, fille unique d’un père italien et d’une mère allemande elle avait grandi dans un foyer où la froideur se cognait aux chants multicolores de la musique de son père, un foyer où les extrêmes s’enlaçaient et se déchiraient, elle, Sarah avait choisi la froideur dans la neutralité, les études financières aux arts et la carrière aux biberons.

Son trois pièces était meublé en chrome et bois clair, son bureau en cuir fauve et bois sombre. 

Toujours habillée de costumes stricts et de blouses en soie blanche, sa seule fantaisie était une chaine en or avec un pendentif qui annonçait sa religion.

Les directeurs des compagnies ayant leur comptes à la banque venaient très souvent lui demander conseils dans la gérance de leur portefeuille. Aujourd’hui à 11h. Le nouveau directeur de la compagnie maritime devait venir faire connaissance et soumettre le bilan de l’année pour renouveler le crédit bancaire.

A l’heure tapante la secrétaire l’introduit, un bel homme à la peau brune claire, aux yeux noirs légèrement bridés, des anciennes origines asiatiques avaient déposées leurs marques. Le bilan était satisfaisant, le crédit lui fut accordé. Avant de quitter le bureau il déposa un petit paquet enveloppé dans la soie ocre, Sarah n’aimait pas les cadeaux et surtout pas ceux de ses clients, un sourire la fit accepter, elle le mit dans son sac, l’oublia et se plongea dans son travail jusqu’au prochain rendez-vous.

Chez elle le soir elle continuait à travailler sur son Mac. Le cadeau oublié reposait au fond de son sac, un mail de l’agence maritime le lui rappela.

La soie ocre couvrait une boite en bois de rose, à l’intérieur des petits sachets contenant des épices….. Aux odeurs envoutantes tellement étrangères dans son appartement…elle déposa la boite à la cuisine et l’oublia…. Les aromates s’infiltraient chez elle…. 

Des blouses de couleurs apparurent, des costumes jupes dévoilaient des jambes presque parfaites…les take-away habituels furent remplacés par des mexicains et hindous, la musique latine remplaça Mozart….un jour elle ouvrit le boite en bois de rose, les sachets étaient vides… leur mission avaient été accomplie….

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